Mon vingt et unième marathon: Genéve

12 mai 2018 6 12 /05 /mai /2018 14:56

Le Marathon de Genève

503 ème course

Quoi de plus beau que de réaliser un rêve et de n’en garder que des étoiles plein les yeux.

Un objectif en arrivant à Genève : Terminer en prenant du plaisir, il était question de bien gérer ma course par une chaleur totalement inattendue, et boucler les 42km sans mur.

Enfin bref revenons en cette veille de marathon, avec mon épouse nous arrivons le samedi matin au village Marathon dans le Jardin Anglais, tout près du pont du Mont Blanc qui sera le décor d’arrivée de la course et du fameux Jet d’Eau. Le soleil est au rendez-vous, il fait beau, il fait chaud, on se croirait en plein été. Des animations sont prévues pour les petits et les grands, des dizaines de stands ont été installés pour répondre à tous les goûts, ce village est vraiment un des gros points forts de l'organisation genévoise.

Nous allons chercher mon dossard, n°1971, et profitons pour faire quelques photos souvenirs. Je récupère le t-shirt « Compressport » de la course, sympa bien q'un peu serré, une coupe plus large aurait été parfaite. Nous glanons quelques produits ça et là sur les stands des partenaires.
On profite aussi du décor pour se balader, puis cette belle journée se termine, il faut bien aller se coucher, la journée de dimanche risque d'être très longue..

Dimanche 6h, le réveil sonne, non ce n'est vraiment pas normal de se lever si tôt un dimanche, je resterai bien sous la couette mais il faut se préparer... Un petit dej' rapido et nous quittons l’hôtel, juste le temps de récupérer un tramway et direction la Suisse, "Chêne-Bourg" pour être plus précis, là où a lieu le départ. Tout est vraiment bien pensé, un titre de transport gratuit pour toute la journée, un immense parking gratuit, une aire de départ bien pensée avec des pipirooms indispensables et en nombre.

Le soleil est au rendez-vous, mais chose imprévue pour un jour de printemps, il fait 25 degrés et une chaleur étouffante.

Il faudra faire avec.

8h30, le départ est dans plus d'une heure mais j'ai déjà très soif, Heureusement des verres d'eau sont déjà à disposition des coureurs, tout le monde est conscient que cette course va être placée sous le signe de la chaleur... C'est le jeu ma pauvre Lucette, si il avait plu je me serais plaint aussi comme le mois dernier à Bordeaux.

L’heure approche, chacun se dirige vers les sas et je prends place dans la fin du box des 3h45… , je papote un peu avec tout le monde.

Très confortable beaucoup moins stressant que collés les uns aux autres comme dans certains sas..
9h45 (très précisément, on est en Suisse) le départ est donné, je me suis fixé une allure moyenne de 5'50/6'00 par kilomètre pour arriver au bout, je me force à ne pas partir trop vite.

Le départ est un peu chaotique car je me retrouve avec des coureurs en relais plutôt lents qu’il faut doubler.

Au bout d’un bon kilomètre, ça se tasse et je finis par trouver mon rythme, je peux courir sereinement. Rapidement, je regarde ma montre et vois que le cardio est haut… 165 pulsations, je me dis que c’est le stress du départ et que ça va retomber.

Les 3, 4, 5 ème kilomètres s’enchaînent, je suis la cadence mais j’ai le palpitant qui est anormalement haut pourtant je suis vraiment bien. J’en profite pour admirer le paysage puisque nous nous retrouvons tantôt face au Mont Blanc et tantôt face au Mont Jura.

Ensuite c'est parti pour une belle boucle de 25 km à travers la campagne du bassin lémanique, des champs de colza à perte de vue, mais le colza ça ne fait pas d'ombre, j'ai beau boire tous les 2 km, j'ai chaud. Au 10 ème kilomètre 00h56'36", tout va bien, je suis parfaitement dans le rythme, je gère!

Ma vessie me rassure sur ma bonne hydratation du matin et des trois derniers jours mais me coûte une petite pause.
Longues lignes droites avec une route qui alterne les petites descentes, et de nombreux petits faux plats entre vignes, colza et petits pois.

Le 13 ème kilomètre arrive, je perds un peu de temps au ravito et me laisse distancer, j’étais derrière un petit groupe de cinq coureurs, je ne cherche pas à revenir dessus, de toute façon je sens que je n’ai pas la force de les rattraper. J'entre dans le village de GY, je garde plus ou moins le rythme avec le groupe à distance, une quinzaine de secondes devant moi.
Je vois les premiers craquer et je me sens de moins en moins bien, niveau cardio toujours haut, je ralentis un peu, tant pis, je sens que je n’ai plus beaucoup de jus.

En plus, à ce moment de la course, je me fais doubler par de nombreux relayeurs et ça me met un coup au moral.

Finalement, en regardant ma montre, je vois que ma vitesse est tombée, je suis passé sous la barre des 10 km/h et ma petite avance va vite être grignotée pour se transformer un moment ou l’autre en retard…

Alors, ma décision est prise, j’économise un peu la machine et mon seul objectif est maintenant de rejoindre l'arche sur le pont du Mont Blanc.

Comment éviter le mur du 30 ème kilomètre ? faites comme moi prenez le au 15 ème, après 01h26' de course.
Je ne sais pas pourquoi, d'un coup, plus rien ne va. Je suis obligé de ralentir encore, je ne comprends pas, l'alimentation et l'hydratation tout est ok, mais l'envie n'y est plus, je crame littéralement, beaucoup de coureurs marchent déjà, je cours toujours mais pfff!!!!! c'est dur.
Au 18 ème (oui ça dure longtemps, 3 kilo, ce coup de chaud) je me dis que je ne suis pas venu là pour m'arrêter si tôt, allez go ça repart.

"Quand tu es sur le point d'abandonner, c'est le moment de continuer".
Juste avant le semi, je retrouve ma famille, ils m'encouragent, ça me booste, je passe le semi en 02h07'. J'ai juste le temps de dire à Christiane que j'ai trouvé une allure correcte pour aller au bout et de ne pas m'attendre avant 04h30'.

Au 26ème je chante, je parle tout seul, j'admire le paysage. "J'ai chaud", je rigole en me disant que je ne dois pas être loin de ressembler à un gros poulet dans le four. Depuis quelques kilomètres, j'avance bien, je dépasse des coureurs qui marchent. A chaque ravito je prends mon temps pour boire et me rafraîchir, je n'ai jamais autant bu (c'est l'eau du lac). Je profite également de chaque douche improvisée et je continue ma course...03h09 au 30 ème. Traversée de "Collonge-Bellerive", c'est difficile, j’aperçois le lac. Je trouve la motivation pour chaque km, je ne regarde plus ma montre, j’avance et j'essaie de garder ce petit rythme. Les bénévoles sont super, encourageants, serviables et le public aussi.

Je quitte les champs pour descendre (200D-) sur la ville, je me dis que j'aurai plus d'air au bord du lac, mais avant il faut passer dans un très long tunnel transformé en boite de nuit avec DJ et jeu de lumière, musique à fond; ça t’entraîne, en plus tu es en descente, il fait frais, je récupère. La descente change ma foulée et je sens qu’il ne faudrait pas trop insister pour finir avec des crampes, d’ailleurs plusieurs vont le payer.
On arrive sur le plat, au bord du lac avec une grande ligne droite et le jet d’eau en toile de fond. Sur les quais surprise...il fait toujours aussi chaud...zut alors... je passe le 35 ème kilomètre en 03h45 , je me dis que maintenant j'irai jusqu'au bout même en rampant. Je calcule vite fait, je suis à 06'45" du kilo, je devrais franchir la ligne dans 3/4 d'heure et arriver dans un temps de 04h30'. (limite de ce marathon 6 h).

Les panneaux se succèdent de moins en moins vite. Des cuisses fatiguées mais juste parce que c’est long. Je vois les 36, 37 et 38 mais cette allure ne vient plus toute seule, il faut activement y mettre l’engagement. La FC à 167 donne une idée du plus d’énergie que cela demande mais rassure aussi : pas encore à 90%.
Petit coup de mou toutefois au 38 : je m’attendais à voir 39 et ça fait un peu mal au moral. Les portions où j'essaie de relancer augmentent même si ce n'est pas longtemps. Juste avant le 39ème, 04h09', je retrouve ma famille qui devait en avoir marre de m'attendre.

Dernier coup de boost, le parcours est tel qu'au 39 ème on est à moins de 100 m de l'arrivée, il faut encore faire un GRANNNNND tour en ville avant l’arrivée sur le Pont du Mont Blanc. L'ambiance me porte à mon petit rythme, des enfants courent avec moi, on m'applaudit, on m'encourage par mon prénom, écrit sur mon dossard.

Dernier km, surtout ne pas s’arrêter ou marcher, sinon tu ne redémarres plus. Le public est à fond derrière moi, ça me donne des frissons, plein d’émotions. Puis le final, un dernier tour sur la jetée, le dernier kilomètre, je mets les pieds sur le pont où a lieu l'arrivée, je tente même un sprint sur 200 m et je double des coureurs.

Et enfin le passage de la ligne, sous l'arche en 4h 39mn 28s à la 1156 ème place sur 1564, la joie, la délivrance, je suis heureux. Quelle merveilleuse aventure, même s’il y a eu des moments de joies, de doutes ou des douleurs physiques, ça vaut la peine d’aller jusqu’au bout, de puiser au fond de soi-même.

ésultat

Temps: 04h39'28"

1156 ème sur 1564.

34 ème M3h sur 59

La médaille de Finisher en souvenir.

Je récupère la médaille tant méritée, heureux d'avoir été au bout.

Je sais qu'il va falloir vraiment s’entraîner avant d'en refaire un autre " Barcelone ". Un marathon ça ne s'improvise pas et je suis allé un peu trop en dilettante à celui-ci.
Une dernière photo finish et il est déjà temps de penser à de nouveaux objectifs plus ou moins lointains.

Un marathon c’est un peu une idée folle qui nait au détour d’une discussion. Un marathon c’est, après l’idée folle, un rêve à concrétiser pour se prouver à soi que l’impossible est possible…Un marathon c’est une déferlante d’émotions, de l’appréhension, de la joie, de la peine, de la douleur, des doutes, de la persévérance et du bonheur…

A Genève, j’ai à nouveau réalisé pour la 21 ème fois, ce rêve, cette promesse faite à moi-même, d’aller au bout…

Merci à Christiane qui croit en moi, ma famille et mes amis pour leur soutien et leur bonne humeur. Comme je le dis souvent : " Ensemble on est plus forts ".

Souvenir d’une très belle promenade servie par une excellente organisation : à REFAIRE !