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L’association Raid Golfe du Morbihan organise la 3ème édition du
"Trail 56". Un Trail de 56 km se déroulant cette année la nuit, sur les chemins de randonnée du Golfe du
Morbihan balisés par le Conseil Général du Morbihan.
Départ du Bono (mairie), le 25 juin 2011 à 22H. Les
traileurs devront rejoindre Vannes en 12H maximum par les sentiers côtiers et les routes de campagne longeant le Golfe. Le circuit traverse les communes du
Bono, Baden, Larmor-Baden, Arradon et Vannes.
Le dénivelé est peu important sur l’ensemble du parcours et les chemins escarpés et les successions de côtes en
bordure du Golfe alternent avec des chemins plats.Compte tenu de la distance à parcourir, ce Trail s’adresse néanmoins à des coureurs entraînés et
expérimentés.
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7ème édition de l'Utra Trail du Golfe du Morbihand (129ème
course)
Deux points de ravitaillement seront mis en place sur le parcours et permettront aux concurrents de s’approvisionner en
fruits frais et secs, biscuits salés et sucrés, portions de fromage, boissons gazeuses et eau.
Les traileurs devront passer la ligne d’arrivée sur l’esplanade du port de Vannes avant 10H le dimanche matin 26 juin 2011.
Ma préparation.
Pour ma préparation, j'avoue avoir repris celle des marathons, en ajoutant quelques séances longues à 12km/h.
Je n'ai pas fait de séance de nuit, et c'est une erreur, les sensations de nuit sont vraiment
différentes. (Je pensais que les entrainements de nuit du début de l'année allaient faire l'affaire
"grosse erreur")
Au départ avec Ghislaine Moulin de Plougastel
Concentration 1 heure avant le départ
Comment j'ai couru mon premier ultra trail
1ère étape Le Bono -Larmor Baden 17,166km dénivelé
150m
22h00; Les 700 concurrents sont lâches.
De la mairie du Bono, nous rejoignons directement les sentiers du Golfe en passant par le site du Tumulus de
Kernourset nous pouvons admirer de magnifiques paysages avant la tombée de la nuit. Vers 23H, pour pouvoir continuer vers les petits ports de
Larmor-Baden et de Port-Blanc, il faut allumer les lampes frontales comptant parmi le matériel obligatoire à avoir avec soi pendant l’épreuve,
repérer le balisage fluorescent et faire attention aux racines et aux pierres qui jonchent bien souvent les sols des sentiers côtiers.
La nuit, c’est différent, les repères ne sont pas les mêmes, le champ visuel est amoindri et je dois me concentrer plus fortement que pendant le jour
sur mes sensations tactiles en me basant principalement sur mes informations que je reçois notamment au niveau des pieds, au contact du sol. Il faut toujours être bien concentré et cela
engendre un certain repli sur soi qui fait que chacun se sent un peu plus seul la nuit. Mais « il y a quelque chose de magique et de palpitant dans la réalisation de la course en
nocturne, en se mettant justement au défi de réussir malgré le manque de visibilité et les obstacles, tout en se laissant aller dans la douceur de la nuit en suivant les étonnants
ballets de lumières créés par les nombreuses lampes frontales des participants se reflétant dans les eaux du Golfe ».
Des montées qui se succèdent à un rythme effréné ainsi que les descentes, la recherche de l’équilibre est permanente, et je fais une multitude de figure digne
d'un concours de patinage artistique des JO pour éviter les chutes.
Enfin après les 17 premiers kilomètres le premier ravitaillement je m’enfile rapidement une soupe. Je fais le plein de mon "Camelback", je
mange quelques fruits en faisant des petits étirements.
Fiche de passage 1ère partie
Arrivée à Baden à 23h36mn - soit 1h36 de course - moyenne
10,80km/h
Après 45 minutes de course , la nuit va tomber très vite.
2ème étape Larmor Baden - Arradon 22,769 km
dénivelé 194m
Après 20 minutes au ravitaillement, je repars à 23h55mn.
Le redémarrage est terrible, j'ai un peu froid, il me faudra plus d'un kilomètre en trottinant pour me réchauffer.
Les kilomètres défilent, je me concentre sur chacun de mes pas car les pièges sont partout, afin de ne pas chuter, et pourtant comme pour beaucoup
elles sont inévitables, j’ai de la chance car les miennes (2) sont sans gravités, ce n’est pas le cas de certains, qui devront être évacués (il y aura un record
d’abandons sur cette édition).
Je songe sérieusement au prochain ravitaillement, car je souffre pas mal des deux orteils, je ne pense plus qu’à ça. C’est
le début d’une heure de calvaire, heureusement, je ne suis pas le seul à souffrir. Il faut surmonter ça, cette course est un rêve si je faillis je m’en voudrais toute ma vie, dans
cette situation je pense à Christiane (je t’aime ma chérie) qui me soutient dans ma passion, à mes enfants, petits enfants,et je serre les dents, et là
miracle il est 3h du matin et je n’ai plus mal ou plutôt je ne sens plus mes pieds, je suis au 35ème kilomètre. Je fais part de mon nouvel état à un frère de souffrance que je
rattrape à une centaine de mètres du 2ème ravitaillement. Après le contrôle du sac, très vite je me désaltère, je mange et je soigne mes pieds, pas très grave, deux
ampoules, heureusement j'avais pris avec moi les pansements miracles. Je me fais un petit massage des chevilles et des mollets et je suis près à repartir pour la dernière étape de 17
kms.
Fiche de passage 2ème partie
Arrivée à Arradon à 02h31mn - soit 2h36 de course - moyenne 8,73km/h
Après 4 heures de course et deux chutes
3ème étape Arradon - Vannes 16,272 km dénivelé
177m
Après 20 minutes au ravitaillement, il est 02h51mn. Je me suis fais un petit strapping à l'orteil gauche et j'ai décoré le droit d'un pansement miracle.
Je repars pour la dernière étape, avec un groupe d'une dizaine de coureurs, personne ne parle, le silence.
Les trailers sont des coureurs très amicaux, mais sur la fin de course, j'ai le sentiment qu'il nous reste tellement peu
d'énergie que nous la consacrons à avancer et plus à discuter avec le concurrent, que l'on double ou qui nous double.
Courir la nuit demande pas mal de concentration, malgré les frontales qui éclairent très fort, les chutes se multiplient, pour le moment sans gravité
pour moi; à chaque fois nous nous arrêtons pour aider ou demander si le pauvre coureur a besoin d’assistance, c’est la solidarité propre au trail (une super
mentalité).
Mathématiquement il ne reste plus que 15 kilomètres, une broutille à entraînement, mais j'ai presque 6 heures dans les jambes, je
profite de quelques descentes pour me décontracter, je suis heureux, ma souffrance n’est plus rien. J’ai mal partout des talons aux cuisses, et même au dos, mais ce n’est
rien je suis heureux d’être là dans le noir, et seul, avec éparpillés devant et derrière tout ces coureurs et coureuses tous aussi fous que moi. Quand je double quelqu'un nous nous
remontons le moral, nous parlons pour évacuer, c’est une communion des esprits: c’est magique.
Nous glissons nous tombons, la vase fait son apparition, les pieds sont trempés, les frontales sont toujours allumées, nous pouvons enfin voir les
lueurs de Vannes, le spectacle est de toute beauté.
Je me dis que nous touchons au but mais que la partie n’est pas gagnée, la fin de parcours est longue, en effet je me souviens d'avoir effectué les 5
derniers kilomètres lors du marathon de Vannes, un chemin côtier interminable puis presque deux kilomètres de quai pour arriver au centre de Vannes.
Je n’en peux plus, j’avoue que j’ai les cuisses dures, voir en béton. Je me fais rattraper au début des quais et le coureur tente de
me tracter, j'essaye mais la décision est prise nous allons aller chacun à notre rythme jusqu’à l’arrivée.
Les quais sont interminables, et je pense au finish, je vais être un héros, je suis allé au bout.
Je vois la passerelle qui traverse le port et sur laquelle il est interdit de courir, sous peine de pénalité, quel bonheur d'être obligé de marcher
pendant une vingtaine de mètres, enfin quelques passants m'applaudissent, plus que 200 mètres, je passe devant les photographes, et enfin la délivrance,
je m’arrête sous l'arche, je stoppe ma montre, 7h31mn, nettement moins bien que ce que j'espérais, sous les applaudissements de quelques bénévoles, il n'y a
pas foule, il est 5h30 du matin, je suis finishers.
C’est la joie, la délivrance, après 7h30 d’effort intense, enfin la ligne d’arrivée, grosse montée d’adrénaline, la pression retombe, plénitude ! Mission accomplie,
objectif atteint, 56 km !
Fiche de passage 3ème partie
Arrivée à Vannes à 5h30mn - soit 2h39 de course - moyenne 6,11km/h
Il est 5h30 du matin ,la joie après sept heures et 30 minutes de course
Un tee shirt finisher m' est offert, celui là je le porterai souvent.
Je suis fatigué mais je suis mon propre héros !!!!!!!!!
Je suis dirigé ensuite vers le restaurant où des plats chauds plus consistants nous sont servis et les traileurs ont accès à un
espace de repos et bénéficient de soins médicaux.
Je me suis dit durant la course « tu es vraiment un malade mental»
Départ Le Bono 22h00 Arrivée Baden 23h35 1h35 de course
Départ Baden 23h55 Arrivée Arradon 02h31 2h36 de course
Départ Arradon 02h51 Arrivée Vannes 05h30 2h39 de course
Mon premier marathon est un souvenir fort, mais ce Raid est un souvenir encore plus fort, placé sous le signe de la solidarité entre coureurs (une grande force
de l’ultra trail).
Faites le, c’est merveilleux, extraordinaire, terrible, dur, mais enrichissant, on se découvre réellement et on est fier de dire je suis un
« finisher »
ésultats officiels : 7h30’47
soit 6h50mn de course réelle
191 ème sur 537.
14 ème V2h sur 62.
Moyenne 8,20 km/h soit 7'19" au kilo
Mes Conclusions:
On n'est pas sur un marathon où on va se fixer des temps de passage, ici on est dans la gestion d'un effort très long.
J'ai fait les deux, je peux maintenant comparer, l'approche est totalement différente.
Ensuite il y a le terrain. Il faut l'aborder prudemment, faire attention où on met les pieds, ce n'est pas du bitume,Il faut
être prudent, attentif et concentré sur la durée.
I l faut partir doucement, se ménager et ne pas se laisser entraîner par le peloton.
Je sais également que sur des longues distances les douleurs apparaissent mais disparaissent aussi. Ce n'est pas parce que vous avez mal à un moment
que ça va durer, ça peut passer comme c'est venu, donc tenir bon, faire appel à toutes nos ressources et continuer.
L'expérience m'a appris, que ça peut aller mieux: Car à un moment, c'est la tête qui prend le relais, donc ne pas
lâcher et aller au bout, avec une énorme satisfaction à l'arrivée !
Une jolie boite de gâteau en cadeau
Quelques 750 bénévoles se sont investis dans cette édition 2011. Ils ont tout mis en œuvre pour nous assurer les meilleures
conditions de course. Je tiens à les remercier et à leur rendre hommage car sans leur engagement rien ne serait possible.
Merci d'être venu passer un moment avec moi
et à samedi pour 15 km sur route à
Plabennec.